La start-up new-yorkaise cofondée par un Français vient de lever 6,25 millions de dollars. Elle s'inscrit dans un mouvement plus large, dans lequel émergent des outils pour créer plus facilement et rapidement sur Internet.

Emmanuel Straschnov et Joshua Haas ne sont pas du genre à faire comme les autres. Après de brillantes études, les deux amis qui se sont rencontrés à Harvard ont créé en 2012 Bubble , un outil permettant de créer des applications Web sans avoir besoin de coder. Dans un monde où l'on prône l'apprentissage du code, ce postulat était déjà à contre-courant, voire trop en avance sur son temps… L'autre particularité de cette start-up est d'avoir  tenu durant plus de six ans sans lever de fonds , une vraie anomalie dans la tech américaine. Basés à New York, les deux startuppeurs viennent de changer de braquet en embarquant des investisseurs pour un tour de table de 6,25 millions de dollars.
« Il y avait beaucoup de scepticisme autour du sujet du 'no-code' car, depuis trente ans, presque tous les projets qui s'y sont attaqués ont échoué, explique le Français Emmanuel Straschnov. Nous avons donc avancé toutes ces années uniquement en nous appuyant sur les revenus générés par nos clients. » Ces clients viennent chez Bubble pour trouver une solution leur permettant de s'affranchir de codeurs pour lancer leur activité digitale. Si l'utilisation du logiciel est gratuite, c'est l'hébergement cloud de leurs services que la jeune pousse fait payer à ses utilisateurs, sur la base d'un forfait mensuel.

Créer un Twitter en quelques semaines

La start-up new-yorkaise cumule désormais 270.000 utilisateurs qui ont créé un total de 230.000 applications pour unrevenu annuel récurrent de 1,9 million de dollars. Mais pourquoi avoir attendu autant pour accélérer sa croissance ? Emmanuel Straschnov argue de la maturité tardive de l'écosystème financier sur le sujet, mais aussi de l'amélioration très nette de ses outils : « Désormais, il serait tout à fait possible de bâtir Airbnb ou Twitter à partir de Bubble. »Quelques entreprises de renom ont émergé en utilisant la plate-forme, comme Plato, une pépite de mentoring pour ingénieurs passée par le  Y Combinator, l'accélérateur baromètre des tendances chez les start-up . Ou Dividend Finance, qui permet à des particuliers d'installer des solutions d'énergie solaire et qui a levé 300 millions de dollars. Ou encore Comet à Paris , la plate-forme qui connecte indépendants et entreprises.

Grandir avec l'entrepreneuriat

« Nous allons bien lorsque nos clients vont bien, et nous souffrons lorsqu'ils souffrent, avoue Emmanuel Straschnov. Mais, avec 2.700 entreprises qui nous utilisent, nous sommes beaucoup moins à risque. » Comme Stripe, l'un des exemples des deux fondateurs, la jeune pousse s'appuie sur la communauté des entrepreneurs pour grandir et rend accessible le monde digital à beaucoup plus de monde. C'est ce qui a attiré le rappeur Nas parmi les investisseurs. Star aussi respectée aux Etats-Unis que  Jay-Z , il est aussi reconnu pour avoir investi très tôt dans des entreprises comme Lyft et Dropbox« Il nous permet de nous ouvrir vers un autre marché, plus jeune », explique le startuppeur français. Avec Nas, d'autres stars, de la tech cette fois, accompagnent désormais la pépite. Comme Ali Partovi qui, avec son frère jumeau, a investi très tôt dans Facebook, ou le fonds SignalFire, investisseur dans Uber et Lime.
Pour saisir l'engouement de ces personnalités pour Bubble, il faut comprendre la passion qu'entretient la Silicon Valley pour toutes les solutions qui permettent de créer une activité sur Internet en s'affranchissant de compétences techniques. Un marché qui cherche encore à déterminer ses standards mais qui pourrait peser 27 milliards de dollars en 2022, selon ResearchAndMarkets, si l'on inclut également les solutions comprenant un tout petit peu de technique (« low-code »).